13

C’est par un temps désolant que les quatre cavaliers arrivèrent au petit château de la Tournelle, en bordure de la rivière de Seine.

L’endroit, sinistre, n’inspirait guère le comte de Nissac.

Le baron de Frontignac désigna le château d’un geste vague :

— C’est un reliquat de l’enceinte de Philippe-Auguste. Très vétusté, comme bien vous le verrez.

— Et puant ! Comme toutes les prisons !… ajouta le baron Le Clair de Lafitte.

Nissac observa Maximilien Fervac qui, sans la mansuétude de Le Clair de Lafitte, eût certainement fréquenté ces lieux. Sans doute Fervac y songeait-il aussi car il gardait très obstinément la tête baissée afin de n’y point trop voir.

Habitué par sa vie aux armées à juger la disposition d’une place, Nissac remarqua immédiatement le corps de bâtiment imposant flanqué de deux tours et la cour pavée qui y menait. D’un côté, la Seine grise charriant des épaves. De l’autre, le quai boueux où s’entassaient briques, ardoises et bois de construction. Plus loin, un entrepôt où l’on déchargeait des barges les tonneaux de vin d’Auvergne, de Bourgogne et de Mâcon.

— Qui commande ici ? demanda Nissac à ses compagnons qui, les deux jours précédents, avaient visité les lieux et opéré une sélection sévère parmi les prisonniers.

Frontignac, qui semblait avoir pris l’affaire très à cœur, répondit aussitôt :

— Un concierge et quatre hommes pour la garde des prisonniers. C’est peu, monsieur le comte, mais il faut savoir que ces hommes sont constamment enchaînés.

— Qui a nommé ce concierge ?

Habitué aux questions abruptes du comte, Frontignac avait de longue main préparé les réponses aux éventuelles questions :

— Les prisonniers étant tous destinés aux galères, l’endroit relève de la Marine. C’est le Secrétaire d’État qui nomme les hommes et les paie sur ses fonds.

— Et quel clergé assiste les âmes de tout ce monde ?

— La chose est simple, monsieur le comte. Depuis une quinzaine d’années, à la demande insistante de la compagnie du Saint-Sacrement, monsieur l’archevêque a confié l’administration spirituelle de la prison aux prêtres de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Catéchisme, prières matin et soir… Feu le roi avait promis trois cents livres par an aux prêtres mais il semble que ceux-ci n’en aient point vu l’ombre, ce qui aurait ralenti leur ferveur ces dernières années.

Nissac descendit de cheval, aussitôt imité par ses compagnons.

— Je n’aime guère cet endroit. Qu’y avez-vous vu ?

— Bien étrange population ! répondit Le Clair de Lafitte tandis que Frontignac, plus précis, ajoutait :

— Quelques-uns nous ont intéressés, parfois étrangement. Nous avons de la chance, monsieur le comte, la prison est pleine et allait bientôt être vidée par un départ de la chaîne pour Marseille. Nous avons entendu cent quarante-cinq des futurs galériens. Beaucoup cherchaient à nous plaire car ils sont terrorisés à l’idée de ce voyage à pied jusqu’à Marseille et de la vie misérable qui les attend sur les galères.

— Ce voyage, c’est donc si effrayant ?

— En effet, monsieur le comte. Ils sont enchaînés deux à deux par le col, une autre chaîne passant par un anneau entre la première et la dernière paire d’hommes afin de les enchaîner tous ensemble. Ils sont également tenus par une troisième chaîne allant de la taille à la cheville. Tout cela est riveté à froid, à coups de masse. En tout, cela représente près de quatre-vingts livres[7] de chaînes par homme, jusqu’à Marseille, à pied par les chemins boueux où ils enfoncent jusqu’à mi-corps, s’ajoutant aux poux, à la gale…

Nissac et Frontignac échangèrent un regard qui échappa aux deux autres.

Puis, sans un mot, Nissac se dirigea vers l’entrée du château.

Les prisonniers avaient en commun une peau sèche, un visage blafard, un teint plombé. Ils dégageaient une odeur de sueur rancie.

Aucun des huit premiers qu’on présenta à Nissac ne lui donna satisfaction. Assis derrière une table avec ses trois compagnons, il se leva brusquement, refoula un prisonnier sur le point de se présenter et marcha de long en large, mains derrière le dos ; l’air tourmenté. Enfin, il s’immobilisa devant son fidèle lieutenant :

— Mais enfin, Frontignac, nous ne pouvons espérer quoi que ce soit de ces hommes !… Des déserteurs aux visages veules !… Des petits voleurs !… Un bigame !… Un sodomite !… Un greffier véreux !…

— Au moins ceux-ci ne sont-ils point malades, monsieur le comte.

— Vous voyez des malades partout !

Amené sur un sujet qu’il affectionnait, Frontignac se lança aussitôt avec grand plaisir :

— Mais j’ai écarté ceux qui souffraient de coliques nauséabondes, ceux dont l’estomac se désorganise en humeur et inflammations, les pustuleux, les…

— Ah, il suffit, Frontignac ! Instruisez-moi plutôt du cas suivant, celui que j’ai refoulé et dont le visage farouche, ma foi, m’a fait bonne impression.

Frontignac consulta une liste et son expression se fit plus soudain intéressée :

— Ah, Anthème Florenty. Un faux saunier de Touraine. Il n’a pas de sang sur les mains mais la contrebande du sel ne peut lui laisser d’espérance. C’est en outre un récidiviste, qui était armé : condamné aux galères à vie. Il faut dire qu’il fut traqué cinq ans avant que d’être pris, ce qui irrita fort les juges. Il parle peu mais il me plaît.

— Et toi, Melchior ? demanda Nissac à Le Clair de Lafitte qui, voyant la soudaine bonne humeur du comte, s’exprima sans retenue :

— Il me plaît aussi. Endurants et combattifs, les faux sauniers sont des pisteurs hors-pair. Celui-là pourra nous être utile.

Nissac hocha la tête et, du geste, invita Maximilien Fervac à donner son avis :

— Il me plaît également, monsieur le comte, mais pour une tout autre raison.

— Laquelle ?

— À son procès, il n’a jamais livré ses complices.

Nissac ébaucha un sourire et vint se rasseoir en disant :

— C’est en effet une excellente raison.

Anthème Florenty, trente ans depuis août, était un homme aux cheveux très noirs, de petite taille mais de constitution robuste.

Devinant qu’il ne serait pas de bonne politique de forcer l’homme, Nissac choisit de l’impressionner, ce qui réussit fort bien :

— Loup de Pomonne, comte de Nissac, lieutenant-général de l’artillerie du prince de Condé.

Florenty était un homme fier, de ceux qui ne baissent pas facilement la tête, mais outre qu’il était impressionné, quelque chose lui plaisait dans l’allure du général.

Il se présenta d’une voix grave, celle des gens qui parlent peu :

— Anthème Florenty, monseigneur.

— Florenty, je vous offre un choix. Les galères à vie, mais la vie tout de même, ou mon service qui est des plus périlleux.

— Je ne suis point soldat, monseigneur.

— Il s’agit d’autre chose. Vous serez…

Il réfléchit un instant et reprit d’une voix amusée :

— Vous serez, cette fois, dans une sorte de police. Une police… secrète ! Pour le service du cardinal, de la Régente et de notre futur roi. Vous serez sans chaînes ni entraves. Au bout de nos aventures, si toutefois vous y survivez, vous serez libre. Et aurez de quoi vous établir.

— C’est oui, monseigneur.

Nissac se tourna vers Fervac :

— Qu’on le place dans la cour.

Nissac avait pris les choses en main, consultant directement les notes de Frontignac, et éliminant d’emblée certains des futurs galériens.

Avec ses compagnons, ils observaient un jeune homme d’à peine vingt ans, mince, frêle et dont la prison n’avait point terni l’éclat des cheveux blonds.

Nissac fit signe à Le Clair de Lafitte qui se leva, contourna avec lenteur le jeune homme enchaîné puis, faisant face à ses compagnons :

— Celui-là, Nicolas Louvet, condamné aux galères à vie, est prodige dans sa partie… fort douteuse ! Sans la dénonciation d’une femme jalouse, il continuerait de grossir un confortable magot qui, saisi, a été versé au Trésor royal.

— Et quelle était donc sa partie ? demanda Frontignac en feignant l’ignorance.

— Faussaire. Faussaire sur papier et sur métal. Il sait fabriquer des fausses clés, de la fausse monnaie mais on a également retrouvé chez lui de faux billets de loterie, de fausses quittances, de fausses lettres de change et même de faux contrats de mariage. Ce qui aggrave son cas, c’est l’absolue perfection de son travail.

Comme ils en étaient convenus, Le Clair de Lafitte céda la parole à Fervac :

— Et tu n’as point honte ?

Nicolas Louvet jaugea ce nouvel interlocuteur et, à son regard, Nissac comprit que le jeune homme, non sans finesse, avait reconnu là quelqu’un de son monde. Ses paroles le prouvèrent :

— La honte me tenaille… camarade ! Mais vois-tu, je n’ai jamais pu choisir, aimant tout autant la serrurerie que les encres et parchemins.

Cette réponse, où ne perçait point le regret, le fit adopter sur-le-champ mais encore fallait-il l’accord du jeune homme.

Nissac, jusque-là silencieux, se présenta avec tous ses titres et proposa le marché au jeune homme très impressionné qui baissa la tête.

— C’est inespéré, monseigneur ! J’accepte et vous servirai jusqu’en enfer.

Nissac ne douta pas que cela fût vrai, à supposer, nota-t-il mentalement, que l’enfer existât.

C’était le dernier prisonnier qu’ils devaient entendre et les quatre hommes regardaient avec curiosité le géant à la peau noire qui, eu égard à sa force, avait eu droit à un important supplément de chaînes.

Le Clair de Lafitte, auquel ce rôle avait été dévolu, présenta le cas à ses compagnons qui le connaissaient parfaitement mais s’attachaient aux réactions de l’homme.

— Monsieur de Bois-Brûlé !… Quel est ce nom étrange ? demanda-t-il à l’homme d’origine africaine.

Celui-ci le toisa avec insolence puis, d’une voix douce qui contrastait étonnamment avec sa haute stature :

— Mes beaux seigneurs, j’ai déjà été jugé et c’est les galères à vie. Que voulez-vous de plus ?… Me faire écarteler en place de Grève ?

Frontignac se leva et pointa vers l’homme un doigt accusateur :

— Vous êtes un insolent !

— Je peux me le permettre, je n’ai rien à perdre.

— Ce n’est point sûr !… rétorqua Nissac qui ajouta : ce serait grande tristesse de perdre une liberté que vous étiez sur le point de retrouver.

Un long silence se fit.

Le Clair de Lafitte reprit :

— Monsieur de Bois-Brûlé, quelle est l’origine de ce nom ?

— Bois-Brûlé fut le nom qu’un bourgeois de Nantes donna à mon père et à moi-même après nous avoir achetés au marché aux esclaves de Candie, en Crète, voilà près de vingt ans. J’en avais cinq, à cette époque.

— Qu’a-t-il fait ? demanda Frontignac – qui le savait parfaitement – à Le Clair de Lafitte. Celui-ci répliqua aussitôt :

— Monsieur de Bois-Brûlé, qui s’est ajouté une particule, était acteur dans une troupe aujourd’hui dispersée mais c’est pour avoir tué trois hommes, des soldats, et à mains nues, qu’il fut condamné aux galères, la cour estimant qu’il avait eu quelques raisons d’agir ainsi.

— Quelles étaient-elles ? s’enquit Frontignac.

Nissac, d’un geste de sa main gantée, fit taire Le Clair de Lafitte et, regardant le prisonnier dans les yeux.

— Peut-être pourriez-vous le dire vous-même ?

— Ils voulaient me couper les couilles pour en faire une bourse. J’ai défendu ma vie en sauvant ces couilles-là !

— Et vous avez bien fait ! répondit lentement Nissac qui se leva, l’air soucieux, et fit les cent pas.

Enfin, regardant un à un ses compagnons, le comte leur dit :

— Messieurs, je ne sais trop à quoi pourrait bien nous servir monsieur de Bois-Brûlé mais, voyez-vous, je tiens que son jugement ne fut point juste. J’ai donc forte envie de le tirer des galères et de le compter parmi nos compagnons.

— Il faudrait qu’il renonce à sa particule ! lança Fervac avec une pointe de jalousie avant d’ajouter : ou qu’on m’appelle à mon tour de Fervac !

Nissac leva sa main gantée pour imposer silence à Fervac et, faisant de nouveau face à Bois-Brûlé :

— S’il accepte nos conditions.

Bois-Brûlé les accepta avec enthousiasme et, comme Nissac lui proposait de changer un nom qu’il n’avait point choisi et devait lui rappeler l’horreur du marché d’esclaves de Candie, Bois-Brûlé refusa en expliquant :

— C’est le nom qui figure sur la petite croix que j’ai sculptée pour la tombe de mon père, là-bas, en un pauvre cimetière près de Nantes.

Puis, avant de quitter la pièce escorté par Fervac, il dit encore au comte :

— Monseigneur, je n’ai que ma force, un peu de ruse et un certain talent d’acteur. Mais je vous remercie de m’avoir sorti de cet endroit infect et épargné la condition de galérien. Je vous remercie avec émotion car je sais que vous ignorez à quoi m’employer. Mon dévouement sera à la hauteur de ma gratitude.

— Je n’en doute point ! répondit le comte de Nissac.

Tandis que Fervac gardait les prisonniers en la cour, Fontenac était parti acheter trois chevaux et Le Clair de Lafitte des vêtements.

Demeuré seul, le comte de Nissac attendait en la grande salle où avaient défilé les futurs galériens.

Il songeait que les choses devaient changer, là aussi, et comptait en parler à « l’allié invisible » qu’il n’avait en effet jamais rencontré malgré une correspondance de plus de vingt ans.

Soudain, de la cour, monta la voix de Fervac qui, pour gagner du temps, avait pris sur lui de faire ôter les chaînes des prisonniers.

Irrité, le comte quitta la pièce.

Le concierge refusait. Les deux gardes chargés de massues et de burins attendaient avec indifférence.

Nissac, qui s’était fait expliquer la situation, se tourna vers le concierge et lui jeta un regard glacé :

— Service du cardinal !… Exécutez l’ordre !

L’autre, sournois et qu’on devinait tout acquis à la Fronde, répondit :

— Le cardinal donnera-t-il encore longtemps des ordres ?

Sans plus de façon, et au grand bonheur des prisonniers, Nissac lui expédia son poing droit en pleine figure et le concierge en resta évanoui sur le pavé humide.

Puis, essuyant sa main gantée à l’aide d’un mouchoir blanc, il se tourna vers les gardes qui, effrayés, s’étaient reculés et il répéta de la même voix son ordre :

— Service du cardinal !… Brisez les chaînes des prisonniers !

Les gardes se mirent au travail sans discuter.

Une demi-heure plus tard, sept cavaliers prenaient, depuis la rue Sainte-Marie Égiptienne, la direction de la base secrète qu’ils appelaient « le Bout du Monde » sans plus lui donner sa qualité de rue.

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